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Les histrioniques sont parmi nous
( 23/11/2017)

histrioniques danse

Il est temps chers lecteurs danseurs que vous soyez informés que parmi toutes les personnalités qui composent notre diversité humaine il y en a une qui nage comme un poisson dans l'eau dans le milieu de la danse et particulièrement la danse de couple.  Le tissu relationnel que ce milieu génère est intéressant à analyser. Notre société actuelle est gouvernée de plus en plus par le "séduire" et le "paraître" donc je trouve pertinent de comprendre que nous ne sommes pas tous égaux pour vivre dans cette atmosphère.

 



Il s'agit tout d'abord de comprendre que notre société est composée de nombreuses personnalités. Certaines sont plus difficiles à fréquenter que d'autres. Certaines sont donc plus toxiques pour nous.
Pour approfondir ce sujet je vous conseille le livre de Christophe André et Muzo intitulé " Je résiste aux personnalités toxiques". Attention ! Nous avons tous des traits de personnalités toxiques à un moment de notre vie et cela de façon plus ou moins longue. Sachez faire la différence entre un "trait de personnalité" et une "personnalité" toute entière où parfois cela devient pathologique. Parmi les traits de personnalités qui composent notre univers artistique de la danse ( et ils sont nombreux, positifs comme négatifs) j'en ai trouvé un sur lequel nous devons nous attarder. 

Je résiste aux personnalités toxiques
histrioniques danse de couple
histrioniques danse de société

Histrionique, kézaco ?

Etre histrionique c'est tout d'abord avoir un niveau émotionnel exagéré puis ensuite souffrir d'un manque d'affection chronique. Pour combler ce manque la personne va aimer ou donner l'impression d'aimer, se donner en spectacle, se mettre en valeur pour séduire, attirer sur elle l'attention ou la compassion. Attention a ne pas confondre avec les narcissiques qui détournent aussi l'attention sur eux mais non pas mus par un besoin d'affection mais bien d'admiration.

Etymologie du mot "Histrionique"
Du latin Histrionicus, venant d'histrion. Durant la Rome antique les histrions étaient des acteurs, des mimes, des comédiens qui jouaient des farces se donnant en spectacle usant d'effets outranciers. Par extension ils représentaient un personnage souvent comique, pitre, voire bouffon.
 
Aujourd'hui ce mot  tend à détrôner l'ancienne appellation "d'hystérique",
et oui !
Je vais anticiper toutes levées de boucliers éventuelles et clarifier certains points. Le terme d'hystérique ( origine: grecque Utérus) était propre aux femmes car à l'époque on pensait que ces troubles provenait de l'utérus.
De nos jours ce terme est devenu sexiste et dévalorisant. Il fallait ensuite qualifier cette marque de fabrique de ce genre de personnalité, le besoin d'attirer les regards et le goût de se donner en spectacle. Et pour finir les femmes ne sont pas les seules à avoir ces troubles donc il fallait bien en changer.

impressionner pour se sentir vivant
la compétition avant tout
montrer sa supériorité par la maîtrise
séduire pour impressionner
impressionner pour exister

La danse de couple, un terrain idéal...
Mon propos est ici centré sur le milieu artistique et principalement la danse de couple. Il n'est pas compliqué de comprendre à quel point ce domaine d'activité est un terrain fertile pour cultiver soit ce trait de personnalité soit ce genre de personnalité toute entière.
Leur désir de plaire les aide à la créativité et/où à l'expressivité pour capter l'attention du public. Leur théâtralisme devient un réel atout sur scène pour raconter une histoire.
La valorisation excessive, les compliments et les applaudissements nourrissent leur égocentrisme exacerbé.

Spécifiquement dans le milieu de la danse nous avons tendance parfois
(heureusement) à idolâtrer et à sacraliser le beau, le show, le spectaculaire au détriment souvent du degré de vulgarité, ce qui installe encore mieux l'histrionique ( homme comme femme) dans son élément (la séduction) et lui donne les pleins pouvoirs. 
Nous avons tendance à les aduler au moindre grand écart, spin, ondulation suggestive ou carrément exhibition corporelle qu'ils affichent ostensiblement avec le sourire.
Ils sont récompensés pécuniairement pour certains ( les professionnels ne sont pas épargnés, au contraire ! ) et peuvent satisfaire de la façon la plus agréable qu'il soit leur besoin de séduire. L'histrionique vit dans le paraître, dans sa bulle, l'expression "tout le monde il est joli, tout le monde il est beau" est souvent de mise, surtout à l'arrivée en scène ! Notez le degré élevé d'enthousiasme exacerbé dont vous pouvez bénéficier même quand vous ne connaissez pas votre partenaire !

La face cachée des histrioniques

Ces personnes sont repérables à un phénomène facile à remarquer. Quand il y a un public, une performance à accomplir ou tout autre exercice de mise en valeur, ils seront en ébullition maximale, quand on sera dans l'intimité ou en comité restreint sans possibilité d'exhibition, leur énergie s'éteindra.
Il faut aussi savoir qu'une fois qu'un histrionique a obtenu le maximum  "d'amour" qu'il peut obtenir de l'autre, il ne s'intéressera plus du tout à ce dernier et en cherchera un autre pour qui il/elle sera son "précieux".
Il faut comprendre que pour eux, leur personnalité vraie n'a aucun intérêt, se considérant comme non existant autrement qu'avec une identité différente ils mettront souvent une distance a chaque fois que vous approcherez de leur triste réalité non fréquentable  (selon eux).

 

Cela veut dire que pour découvrir la vraie personnalité d'un histrionique cela devient compliqué car il montre souvent un masque qui cache sa vraie personnalité, les psychologues nomment ceci un "faux self",  une personnalité artificielle, non sincère.
 En réalité on retrouve encore une fois à la source de ce phénomène la fameuse crise identitaire, leur estime de soi est inexistante sans le désir des autres.
Ils/elles ne recherchent pas le sexe, mais l'estime.
Les histrioniques sont prisonniers de leurs croyances conscientes (on ne peut pas m'aimer si on me connaît vraiment, je n'existe que si on me regarde, je suis sans valeur...) et de leurs croyances préconscientes (en faisant semblant j'ai enfin de la valeur, je me sens triste et abandonné(e) si je ne suis pas apprécié(e)).

Et c'est là qu'arrive la limite du pathologique.

​

créer la fascination en dansant
identifier quel danseur est-on vraiment

La personnalité histrionique pathologique
Le cap est franchi lorsque le masque ne s'enlève plus. Lorsque la vie devient une scène où l'on joue un personnage en continu, avec un besoin permanent d'attention et une véritable peur de ne plus être aimé. Elle devient le reflet de ce qu'elle pense que les autres aiment chez elle. Elle perd alors son authenticité, elle devient factice. Le paraître l'emporte sur l'être.
Ce trouble affectif devient alors la porte ouverte à la manipulation.
L'histrionique utilise le charme, et des comportements de séduction inadaptés, comme moyen d'échange, de communication, voire d'interaction. À défaut d'attirer l'attention par la séduction, elle peut chercher à attendrir, elle se posera en victime, s'épanchera dans le dénigrement d'autrui, aura des excès de colère intense et versera dans la dramatisation émotionnelle. Ces aspects de son affect, sont sa façon, automatique et naturelle, de vivre avec l'entourage. L'histrionique crée des liens affectifs superficiels.
La personne agira ainsi aussi bien envers les hommes que les femmes de tout âge. Ce trouble atteint majoritairement les femmes et touche de 1,3 % à 3 % de la population.

Theodore Millon, un psychologue américain à identifié six sous-types de personnalité histrionique. Heureusement il y a des moyens d'amoindrir ce besoin, de redevenir soi même et d'accepter l'imperfection. Mais cela devient plus technique et je ne peux pas m'étendre plus sur le sujet.


Conclusion
Comme dans tous domaines d'études il est important de ne pas faire d'amalgame de façon hâtive. Ce serait une erreur de penser que si on aime le show, séduire, être applaudi, les spins, les grands écarts etc.... on est forcément histrionique. Nous en avons tous une part en nous et surtout cela n'est pas un soucis jusqu' à un certain degré. Comme dans tout dans la vie il faut un juste milieu.

Ainsi, chers danseurs de couple, je vous invite à faire comme moi, une petite introspection ( pourquoi je danse au fond, pourquoi je veux faire de la compétition, pourrais-je un jour danser comme les champions du monde, je m'amuse vraiment quand...., qu'est-ce que je cherche vraiment....etc.) et  à déceler chez vous le soupçon ou le trait d'histrionisme, à l'accepter, à en être conscient et à faire en sorte qu'il ne se transforme pas en besoin vital. Cela vous permettra aussi d'affiner votre œil critique et cela vous recentrera sur les autres émotions que la danse véhicule et pour lesquelles nous aimons tant cette activité. C'est aussi une invitation à prendre du recul et à voir les différents aspects visuels, techniques, émotionnels et sociaux de la danse et de les apprécier à leur juste valeur.

 

Enfin, ce propos n'est pas d'assimiler la "séduction" à une pathologie,  mais de comprendre le détournement d'un outil (la séduction) qui a toute sa place dans notre société et beaucoup d'aspects positifs (sans séduction, pas d'Amour, pas de vie !), au profit du besoin d'estime qui somme toute comme le définissait Maslow est l'un de nos besoins fondamentaux.
 

Sources
Mes dix années d'expérience en danse de couple
Wikipédia
"Je résiste aux personnalités toxiques", Christophe André et Muzo

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